Blanchiment d'argent du Hezbollah dans des casinos de Puerto Iguazu en ArgentineLa lutte contre le blanchiment d’argent demeure l’un des enjeux majeurs auxquels les casinos du monde entier doivent faire face. Compte tenu des importantes sommes qu’ils brassent, les établissements de jeux d’argent sont en effet les cibles privilégiées d’individus opérant dans diverses activités illégales. Une récente affaire qui s’est déroulée en Argentine, et impliquant le Hezbollah, le géant groupe terroriste libanais, révèle, une fois de plus à quel point les risques de déviance ont importants. Ladite affaire met également en exergue toute l’importance du suivi des transactions des clients, par les équipes des casinos.

Plus de 10 millions $ blanchis en quelques années

La présente affaire se déroule dans la ville de Puerto Iguazú, du côté argentin de la frontière commune avec le Paraguay et le Brésil. C’est ici qu’Assa Ahmad Barakat, un ressortissant libanais avait pris ses quartiers depuis quelques années. A la tête d’un petit réseau réunissant 13 autres membres, dont quelques membres de sa famille, l’homme aurait mis en place un mécanisme lui permettant de blanchir de l’argent en provenance des deux pays voisins, dans les casinos de Puerto Iguazú. Proche du Hezbollah, le jeune homme et ses complices réceptionnaient, au Brésil et au Paraguay, des valises d’argent avec lesquels ils traversaient la frontière vers l’Argentine sans les déclarer. Une fois sur place, ils séjournaient dans des hôtels de la place. Ils se rendaient ensuite dans les casinos où ils échangeaient d’importantes sommes contre des jetons. Après des pertes insignifiantes par rapport aux montants initiaux, ils repartaient en récupérant le solde des montants déposés à la caisse des casinos. Un système ingénieux qui permettait ainsi aux mis en cause de « blanchir » de très grosses sommes. Selon les chiffres avancés, plus de 10 millions $ auraient ainsi été traités en quelques années.

Le casino, complice ou lanceur d’alerte ?

L’enquête, menée depuis quelques semaines par la police locale, avait déjà conduit, le mois dernier, au gel des avoirs du clan Barakat, sur demande de l’Office Américain de Contrôle des Avoirs Etrangers (OFAC). Le groupe est en effet fortement suspecté de financer les activités du Hezbollah. Au cours de la semaine dernière, ce sont les casinos dans lesquels opéraient les mis en cause qui ont fait l’objet de différentes perquisitions afin de révéler d’éventuelles complicités. Mais à cette étape, il reste difficile de savoir si les autorités desdits établissements ou d’autres membres de leurs staffs étaient de mèche avec les membres du réseau de blanchiment.

En réalité, une analyse des faits porte plutôt à croire que c’est grâce aux informations fournies par l’un des établissements que l’enquête a pu évoluer et déboucher sur l’identification formelle des suspects. C’est en tout cas ce que laisse assez clairement croire les propos de Kenneth Blanco, directeur du FinCEN (Réseau de Lutte contre la Criminalité Financière). Lors de la 11ème conférence annuelle sur la lutte contre le blanchiment d’argent à Las Vegas, ce dernier a en effet affirmé que la collaboration d’un casino argentin avait été cruciale pour démanteler le réseau.