Quand la machine surpasse l’humain

Quand la machine surpasse l’humain

Ce vieux rêve de l’humanité (ou cauchemar en fonction du dernier film de science-fiction que vous avez regardé) continue sa marche en avant et, même si on est encore loin de disposer de machines aussi intelligentes et humaines que le HAL 900 de 2001, L’Odyssée de l’Espace, il n’y a pas une année qui passe sans que l’Intelligence Artificielle, ou IA en abrégé, ne fasse un progrès décisif dans son développement.

Le poker, problème insoluble

Alors que le passé de l’IA a déjà connu une histoire riche et passionnée et que le futur devrait s’écrire avec des voitures autonomes, l’Intelligence Artificielle a franchi une première barrière mythique en battant, pour la première fois, 5 champions de poker au sein d’une même partie. Si les applications pratiques d’un tel exploit sont pour l’instant assez limitées, il tend au moins à prouver que les robots peuvent être capables, à force d’entraînement et d’analyse, à battre les cerveaux humains dans des jeux où seuls les aspects mathématiques ne suffisent pas, mais où aussi un aspect émotionnel et le fameux bluff sont primordiaux.

En 1997, Deep Blue battait Garry Kasparov, le plus grand joueur d’échecs de tous les temps, au cours d’une partie devenue mythique. Mais les échecs sont un jeu où une capacité d’analyse de tous les mouvements possibles suffit à prendre le dessus sur son adversaire, un peu comme dans le blackjack où l’étude des probabilités change tout. A l’inverse, le poker est un jeu bien plus subtil où la valeur des cartes n’a qu’une influence minime sur le déroulement d’une partie puisqu’il faut aussi prendre en compte son total de jetons, celui des adversaires et le style de jeu de chacun d’eux.

Le poker, problème résolu

Si une machine avait déjà réussi à battre des champions de poker en 1 contre 1 il y a quelques années de cela, jamais encore un programme n’avait battu plusieurs joueurs simultanément. C’est donc une grande première qui s’est produite le 11 juillet dernier, quand des chercheurs de l’université de Carnegie-Mellon, associés à Facebook, ont annoncé la victoire de leur champion Pluribus contre plusieurs stars du poker.

L’ordinateur a d’abord battu Chris Ferguson et Darren Elias, deux grands noms de la discipline, en 1 contre 1 au cours de plus de 5 000 parties. Mais le grand test arrivait plus tard, avec une table à 6 où Pluribus affrontait 5 joueurs humains au talent indéniable. Et, après plus de 10 000 parties jouées, c’est bel et bien la machine qui est sortie gagnante de cet incroyable duel. Tuomas Sandholm et Noah Brown, les deux responsables de Pluribus ont assuré que le succès de leur poulain allait marquer une étape fondamentale dans l’Intelligence Artificielle et la théorie des jeux.

Le poker, problème à venir

Là où la machine a été très forte et où elle a surpris ses adversaires en chair et en os, c’est qu’elle ne s’est pas contentée d’une seule stratégie binaire, mais a été capable de jouer de manière différente en diverses occasions, sans que les conditions entre les deux stratégies appliquées soient distinctes. Et c’est cette manière complètement aléatoire d’établir ses stratégies qui a le plus perturbé les autres joueurs, car les humains sont incapables d’un tel niveau de variabilité constante.

D’ailleurs, outre le monde de l’IA, c’est aussi le monde du poker qui pourrait bien évoluer suite à cette victoire de Pluribus car la machine a souvent utilisé une technique décriée parmi les pros du poker, celle qui consiste à miser une grosse somme sans que, a priori, cela n’apporte le moindre avantage tactique. Déstabilisés par cette méthode, les pros du poker n’auront pas su contrer efficacement l’ordinateur.

Si l’IA a encore un long chemin à faire avant de nous proposer des applications pratiques dans la vie de tous les jours, les progrès constants de celle-ci, comme cette réussite de Pluribus l’a prouvé, peuvent nous faire espérer un jour où celle-ci nous sera utile au quotidien, loin des scénarios catastrophes d’Hollywood, à part pour les joueurs de poker.